La déception du résultat

Lorsque j’ai rencontré Arthur, il était extrêmement « déçu par ses résultats ». Après une période de constante progression, il venait de faire plusieurs contre-performances et ne comprenait pas ce qui se passait, d’autant plus que tout son entourage lui affirmait qu’il était bien meilleur que sa carte de score ne le montrait. Frustré de ramener à chaque tournoi des scores décevants, acceptant mal la réalité, il avait fini par renoncer à participer aux compétitions en attendant des « jours meilleurs ».

D’où vient cette déception ? Que pouvons-nous en faire ? A quoi peut servir le résultat ?

Cette déception provient généralement de l’écart entre la réalité et le rêve, entre ce que nous souhaitons ardemment et ce que nous obtenons, entre nos attentes et nos réalisations.  La déception engendrée n’est ni négative, ni positive, elle existe, c’est tout. Il est fondamental de la reconnaître, de l’accepter, de mettre des mots sur l’émotion, de l’exprimer. Le déni de l’émotion éloigne la personne de la réalité, la déresponsabilise et maintient le statut quo.

 

Mal vécue, la déception entrainait pour Arthur toutes sortes de ressentiments sur lesquels je l’ai aidé à mettre des mots : injustice « je n’ai pas de chance »incompréhension « mes scores ne reflètent pas mon niveau », déresponsabilisation « je vais changer d’entraineur », comparaison négative « les autres sont plus doués », frustration « je travaille dur et les résultats ne suivent pas« , démotivation « je n’y arriverai jamais », culpabilité « mes parents se sacrifient pour moi », baisse de confiance « je régresse » , identification à ses résultats « je suis nul »… Inévitablement, toutes ces émotions ressenties et non exprimées jusque là, mettaient Arthur dans un état interne peu propice pour aborder la compétition suivante de manière constructive et positive. Et naturellement, les scores suivants s’avéraient décevants, alimentant ce cercle non vertueux.

Le résultat, c’est la confrontation au réel, ni plus ni moins. Il est très précieux car il permet de se comparer à son rêve, aux autres, à ce que les gens attendent de nous et de voir où nous en sommes.

La non-acceptation du résultat et des émotions qui y sont associées peut entraîner, comme nous l’avons vu avec Arthur, toutes sortes de ressentiments non exprimés et amener la personne dans une spirale négative entraînant toujours plus de résultats décevants.

Est-ce que cela pourrait vouloir dire que la confrontation au réel est parfois trop douloureuse ? Si douloureuse que nous préférons rester dans l’illusion de pouvoir faire mieux, d’avoir plus, d’être différent ?

Prenons juste le temps de nous arrêter un instant sur les déceptions que nous rencontrons dans nos vies et d’accueillir avec bienveillance nos émotions, nos attitudes, nos réactions face à ces moments où nous sommes finalement confrontés à l’instant présent, tout simplement à ce qui est.

Accueillir le résultat, l’accepter tel qu’il est, sans pour autant s’y résigner, est le premier pas avant de pouvoir apprendre de chaque expérience. C’est une étape indispensable pour progresser en toute sérénité.